Bonjour à toutes et à tous !

Pour ce deuxième article de mon blog consacré à la pop musique, j’ai décidé de vous parler de l’une de mes récentes découvertes, qui n’est autre que la chanteuse néo-zélandaise Lorde. Comme beaucoup de monde j’imagine, je l’ai découverte en 2013 suite au carton de sa chanson Royals qui lui a immédiatement permis d’accéder à la notoriété. Cependant, il m’aura fallu attendre quatre ans et la sortie de son deuxième album, Melodrama, pour m’intéresser de plus près à elle en écoutant ce dernier ainsi que son premier album, Pure Heroine. Aujourd’hui, vous n’aurez donc pas droit à une mais à deux critiques en un seul et même article.

 

« PURE HEROINE » : UN ALBUM SURPRENANT DE MATURITÉ

Sorti le 27 septembre 2013, Pure Heroine est un album électro-pop composé de seize titres qui brille par ses nombreuses spécificités. En effet, Lorde était âgée de seulement 17 ans lors de sa sortie et a annoncé avoir commencé à travailler dessus trois-quatre ans plutôt, soit quand elle n’avait encore que 13-14 ans. Pourtant, il ne faut pas se méprendre : il s’agit d’un album incroyablement mature qui donne à offrir un univers parfaitement maîtrisé de A à Z. Contrairement à la plupart des pop stars ayant commencé leur carrière à cet âge, la chanteuse a préféré sauter la case « musique teen-pop relativement impersonnelle » pour se créer un univers qui lui est propre et dont l’atmosphère particulière parvient à percuter l’auditeur. C’est d’autant plus surprenant que, il faut le savoir, c’est elle qui a écrit et composé la quasi-totalité des chansons.

Ainsi, n’espérez pas trouver toute une flopée de chansons d’amour se résumant à évoquer la façon dont l’adolescente découvre la passion amoureuse ou encore ses déceptions, il n’y en a tout simplement pas. À vrai dire, le thème amoureux n’est même présent que sur deux ou trois chansons de l’album et donne lieu à des paroles bien plus matures ce que qu’on voit habituellement dans la plume d’une fille de son âge. À la place, Lorde a préféré évoquer les autres thèmes, parfois complexes, qui font également partie de la vie d’un adolescent, et ce de manière plus ou moins personnelle : la peur de grandir et de vieillir, l’impact de la célébrité, l’impact et la peur du regard des gens, leur manie de vouloir mettre les choses dans des cases, la difficulté qu’on peut éprouver à nouer des liens lorsqu’on est timide ou encore les relations qu’on peut avoir ses proches sont autant de sujets qui sont abordés et qui pourront parler à n’importe lequel d’entre nous.

Grande maturité, également, dans la production même des musiques. Sur fond de sonorités électro-pop et dream-pop, la chanteuse est parvenue à se créer un véritable univers et à l’exploiter sous toutes ses formes de sorte qu’aucune chanson ne semble ne pas être à sa place. Impossible de ne pas être envoûté par des chansons comme Tennis Court, 400 Lux, Team, Glory and Gore, White Teeth Teens, Bravado, Million Dollar Bills ou encore The Love Club, certaines réussissant même l’exploit de vous faire bouger en rythme bien que l’album soit essentiellement composé de chansons mid-tempo. Même les titres les plus calmes et minimalistes comme Buzzcut Season, Still Sane, A World Alone ou ceux les moins convaincants comme Ribs, Biting Down et Swingin’ Party parviennent à tirer leur épingle du jeu, de sorte qu’il nous est impossible de s’ennuyer en les écoutant ou même de les détester.

 

« MELODRAMA » : UN ALBUM DÉLICIEUSEMENT ARTISTIQUE ET ANTITHÉTIQUE

Près de quatre ans après Pure Heroine, Lorde est revenue sur le devant de la scène musicale le 16 juin dernier avec son deuxième album intitulé Melodrama. Je l’annonce tout de suite, cette critique risque de prendre une allure très analytique car derrière ce projet se cache, à mon sens, un véritable travail artistique sur lequel je voudrais faire la lumière en vous livrant mon interprétation. Peut-être n’est-ce qu’une déformation « professionnelle » liée à mes études littéraires, mais j’espère que cela saura captiver votre attention et ne vous paraîtra pas trop tiré par les cheveux.

Pour commencer, analysons le nom. « Melodrama », soit « mélodrame » en français, est un genre théâtral qui était extrêmement populaire au XIXème siècle. Sa particularité reposait sur le fait qu’il se servait de situations dramatiques pour exacerber les émotions des personnages afin de mettre l’accent dessus. Pour cela, il avait parfois recours à la musique, « mélo » venant du grec « μέλος », qui signifie justement « musique », mais qui peut aussi signifier « chant ». Ce n’est probablement pas une coïncidence si Lorde a choisi un tel nom pour définir un album où elle se met plus que jamais à nu émotionnellement parlant. Pour cause, il est le résultat d’une rupture difficile avec son petit ami de longue date, ce qui explique pourquoi la quasi-totalité des chansons ont pour thème la rupture, la solitude qui en résulte mais également la remise en question. De cette façon, on peut percevoir Melodrama comme une sorte de théâtre où la chanteuse met en avant ses sentiments, et en particulier l’extrême souffrance ressentie suite à ce dramatique événement que représente la rupture.

Ainsi, avec un thème comme celui-ci, il n’est pas surprenant de voir qu’un certain nombre de ballades se sont glissées dans la tracklist de l’album, là où elles n’étaient pas nombreuses sur Pure Heroine. Si Writer in the Dark et Liability (Reprise) peuvent laisser relativement indifférent, ce n’est absolument pas le cas de Liability et de Sober II (Melodrama) qui se révèlent être des chansons véritablement percutantes et bourrées d’émotion. Liability surprend d’autant plus qu’elle délaisse le côté dream-pop pour un style inédit chez la chanteuse : celui du combo chant/piano. Même moi qui ne suis habituellement pas friand de ce genre de production je me suis laissé prendre au jeu, de telle sorte que le titre incarne à mes yeux l’un des moments forts de cet album. Encore une fois, on ne peut également que louer la qualité des paroles : alors que j’évoquais ce thème, pour une artiste de son âge, comme étant matière à des productions plutôt teen-pop, il est ici toujours traité avec une grande maturité, et ce dans les ballades citées comme dans les autres chansons.

Ces dernières permettent d’ailleurs de soulever un fait très intéressant : malgré l’omniprésence du triste thème que représente la rupture, Melodrama se présente comme un album indéniablement moins sombre que son prédécesseur en privilégiant des productions électro-pop ou dream-pop davantage up-tempo que mid-tempo. Qu’il s’agisse des chef d’œuvres que sont Sober, Homemade Dynamite, The Louvre et Supercut ou encore des très bons Green Light, Hard Feelings/Loveless et Perfect Places, il en ressort une atmosphère définitivement plus légère bien que le côté « dramatique » lié au thème se fasse ressentir sur chacune des pistes. Loin de nous faire un album de rupture à la Adele, Lorde réussit ainsi le tour de force de faire un album diamétralement antithétique dans son atmosphère et dans sa thématique, ce qui confirme le fait qu’elle n’est définitivement pas une artiste pop comme les autres et qu’elle atteint avec Melodrama un nouveau palier dans son travail artistique.

Le phénomène est tel que si on pousse l’analyse un peu plus loin, on peut remarquer que l’album semble être construit comme une parabole. En effet, il s’ouvre sur les titres électro-pop Green Light, Sober et Homemade Dynamite, qui évoquent sa rupture mais également son envie de faire la fête, de boire et de s’amuser, le tout avec une certaine souffrance inhérente à la proximité de l’événement. Comme si, dans le fond, elle voulait s’amuser pour oublier. Vient ensuite The Louvre, où le rythme ralenti en passant à un style plutôt dream-pop et dans lequel elle se rappelle du bonheur qu’elle éprouvait lorsqu’elle était en couple. Puis arrivent les ballades Liability, Hard Feelings/Loveless (à mi-chemin entre dream-pop et ballade), Sober II (Melodrama) et Writer in the Dark, dans lesquelles elle évoque l’après-rupture et la remise en question, qui représentent son moral comme étant au plus bas. Le titre électro-pop Supercut intervient et symbolise alors un regain d’optimisme puisqu’elle y évoque uniquement les bons côtés de sa relation avec son ex, ce qui est un premier pas vers un nouveau départ. Avec Liability (Reprise), elle met fin à sa remise en question et Perfect Places clôture l’album en apothéose, ce titre électro-pop évoquant sa volonté de profiter de la vie et de faire la fête puisqu’après tout, elle n’est qu’une pré-adulte qui a encore toute la vie devant elle.

Finalement, c’est comme si cet album avait été écrit et composé de sorte à raconter une véritable histoire, à l’image d’une pièce de théâtre si on veut en revenir à l’analyse exacte du nom « Melodrama » : Lorde nous chante les différentes étapes sentimentales par lesquelles elle est passée suite à sa rupture, à commencer par le déni et la dépression pour en venir à l’acceptation et, à terme, la volonté d’avancer.

 

En conclusion, je ne regrette absolument pas d’avoir enfin sauté le pas pour m’intéresser de plus près à cette artiste qui est véritablement bourrée de talent. À l’image de Lana Del Rey, avec qui elle a un style à la fois similaire mais également complètement différent (je rêve maintenant d’un featuring entre les deux…), Lorde est une chanteuse pop qui a su se créer un univers bien à elle, parfaitement travaillé et maîtrisé, loin de celui de la pop mainstream. Elle a su exploiter toutes les particularités de sa voix pour nous offrir des albums envoûtants, créatifs et surtout très matures, chose qu’on ne voit que très rarement chez les artistes pop, en particulier de cet âge là. En peu de temps, elle est donc parvenue à prouver qu’elle était déjà une artiste accomplie qui avait encore beaucoup d’avenir devant elle.

5 commentaires sur « Pure Heroine et Melodrama de Lorde : la pop sous un nouveau jour »

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