Bonjour à toutes et à tous !

Il est temps pour moi de vous parler d’un album que j’attendais depuis longtemps et qui a raisonné en boucle dans mes oreilles ces trois dernières semaines : Lust for Life, le cinquième album de Lana Del Rey. Cette chanteuse américaine incarne à mes yeux la plus grande révélation musicale de 2012 avec son incroyable album Born to Die. Je n’ai cessé de la suivre depuis et pour tout vous dire, elle est même devenue l’une de mes artistes favorites, si ce n’est ma favorite.

Résultat de deux ans de travail, ce nouvel album qu’elle a annoncé comme étant celui du changement a enfin pointé le bout de son nez le 21 juillet dernier après avoir été repoussé une première fois. Il semblerait que le jeu en valait la chandelle puisque Lust for Life a été très bien reçu par la critique et est parvenu à se hisser en tête du prestigieux US Billboard 200, ce qui en fait son plus gros succès commercial depuis Born to Die.

Cela veut-il dire qu’il est meilleur que ses deux précédents albums, Ultraviolence (2014) et Honeymoon (2015), tous deux relativement boudés par le public et la critique à cause de leurs sonorités plus sombres et mélancoliques qui les rendent moins accessibles que Born to Die ? Ce n’est pas si sûr.

 

UN RETOUR AUX SOURCES RÉUSSI…

Adieu, donc, la sombre mélancolie vintage teintée de sonorités rock d’Ultraviolence et la chaleureuse mélancolie californienne d’Honeymoon. Avec Lust for Life, il semblerait que Lana ait voulu revenir à des productions au beat plus accrocheur comme celles qui l’ont conduite au succès en 2012, tout en veillant néanmoins à conserver la créativité artistique qu’elle est parvenue à développer depuis et qui font aujourd’hui partie intégrante du personnage. Et on ne peut que saluer ce choix qui a permis de donner naissance à un certain nombre de pistes qui comptent parmi les meilleures de l’album. Que ce soit la chanson éponyme Lust for Life, en duo avec The Weeknd (une première en cinq albums), 13 Beaches, Cherry, White Mustang ou encore In My Feelings, toutes sont dotées d’une production mêlant les mélodies entêtantes et envoutantes de Born to Die à la mélancolie de l’EP Paradise, permettant ainsi à la chanteuse de créer une atmosphère aérienne et émotionnelle en l’espace de quelques notes seulement. Le tout étant, comme à l’accoutumée, un support permettant d’accompagner et de soutenir des textes d’amour très imagés et remplis de lyrisme. Mention spéciale à 13 Beaches qui superpose brillamment la manière dont elle vit sa célébrité aux difficultés que l’on peut rencontrer dans une relation amoureuse. Dans un style similaire, on peut également évoquer les délicieusement optimistes Love et Coachella – Woodstock in My Mind, qui ne sont pas sans montrer qu’un changement est en train de s’opérer dans la vie de la chanteuse et qu’elle semble peu à peu se rapprocher d’une certaine forme de bonheur. Le titre clôturant l’album, Get Free, va d’ailleurs dans ce sens puisque sur fond d’une production rythmée et légère elle y évoque sa prise de conscience concernant le fait qu’il ne tient qu’à elle de choisir si elle veut être heureuse ou non. Trois titres moins mélancoliques que précédemment mais tout aussi accrocheurs.

 

QUI LAISSE QUAND MÊME PLACE AUX CHANGEMENTS…

Elle l’avait annoncé et le résultat en témoigne : Lust for Life est également placé sous le signe du changement, ce qui permet à l’album de se démarquer de tous ses prédécesseurs malgré son petit retour aux sources. On peut notamment noter une petite excursion dans le monde du hip-hop grâce à la présence de deux rappeurs : Playboy Carti et A$AP Rocky sur Summer Bummer, ce dernier apparaissant également sur Groupie Love. Une nouveauté qui n’en est pas vraiment une pour ceux qui connaissent la vie de Lana avant Born to Die1 puisqu’elle a déjà collaboré avec des rappeurs sur certains titres faisant maintenant malheureusement partie de sa longue liste d’unreleased (je consacrerai d’ailleurs un article à certains d’entre eux ultérieurement). Cependant, ces deux chansons peinent à convaincre (contrairement aux unreleased en question) : Summer Bummer ne parvient pas à décoller et sa répétitivité se fait rapidement ressentir tandis que Groupie Love reste trop monotone tout en pêchant par sa production relativement étouffante et la présence du rappeur plus anecdotique qu’autre chose tant elle paraît inutile. À côté de cela, les titres God Bless America – And All the Beautiful Woman In It ou encore When the World Was At War We Kept Dancing parviennent à séduire grâce à la douceur et à la fraîcheur de leur production tout en permettant à la chanteuse de s’aventurer sur un terrain plus politique. En effet, pour la première fois et de la même manière qu’avec Coachella – Woodstock in My Mind, elle s’intéresse de près à la situation politique des États-Unis suite aux nombreux changements survenus ces derniers mois et évoque l’impact que cela peut avoir sur les citoyens et sur les femmes. Elle n’hésite alors pas à en profiter pour transmettre un message d’espoir et de paix, chose qu’on est très peu habitués à retrouver dans son répertoire habituellement.

 

…ET OÙ L’ESPRIT MAY JAILER/LIZZY GRANT RENAÎT

Sa volonté de changer est telle que pour la première fois depuis sa rencontre avec le succès, Lana n’hésite pas à revenir à ses fondamentaux en matière musicale, c’est-à-dire à un style de production beaucoup plus minimaliste comme elle avait l’habitude d’en faire avant Born to Die. Si Lust for Life, tout comme ce dernier et comme Honeymoon, a été intégralement co-produit avec Rick Nowels, un habitué des lourdes productions, cela n’a pas empêché la chanteuse d’intégrer un certain nombre de pistes où l’électronique est mis de côté au profit d’une mise en valeur de sa voix alors simplement accompagnée d’instruments. Parmi elles, impossible de ne pas évoquer la sublimissime ballade Heroin dont la perfection de la mélodie accompagne brillamment la beauté des paroles où, à l’image de 13 Beaches, elle superpose les conséquences de la célébrité à celles provoquées par la drogue. Sans compter que les intonations qu’elle prend dans les couplets ne sont pas sans rappeler celles de May Jailer sur l’album Sirens. On peut également citer la chanson en duo avec Stevie Nicks, Beautiful People Beautiful Problems, qui parvient à envoûter grâce à une mélodie grandement renforcée par la voix des deux artistes qui se complètent à merveille. Restent alors Change, une ballade acoustique touchante mais peut-être un peu ennuyeuse où seules des notes de piano accompagnent la chanteuse, et Tomorrow Never Came, le cinquième et dernier featuring de l’album avec Sean Lennon qui tire sa force du mélange de la voix des deux artistes, à l’image du duo avec Stevie Nicks, mais qui aurait mérité de décoller davantage afin de parvenir à convaincre comme il se doit.

 

Lust for Life s’inscrit donc bel et bien comme l’album du changement dans la carrière de Lana Del Rey : non seulement elle effectue un retour aux sources pour revenir à un style plus accessible tout en conservant sa patte personnelle, mais en plus elle se permet d’innover et de revenir à un style qu’elle a longtemps mis de côté après avoir rencontré le succès. Il en ressort alors un album à deux vitesses qui, s’il parvient à convaincre, apparaît néanmoins comme étant moins marquant et moins puissant que ne pouvaient l’être ses quatre précédents albums. Reste à savoir si la chanteuse parviendra à accomplir l’évolution qu’elle a amorcée (« I wanna move out of the black » chante-t-elle dans les derniers vers de Get Free), autant d’un point de vue créatif que personnel, et à voir où cela la conduira. Une chose est sûre, on attend la réponse avec impatience !

 

1Lana Del Rey était en fait déjà dans le monde de la musique depuis près d’une décennie avant de rencontrer le succès avec Born to Die en 2012. Elle utilisait alors les pseudonymes May Jailer, Lizzy Grant et Lana Del Ray. Sirens est le tout premier album qu’elle a sorti en 2005, un album entièrement acoustique disponible sur internet.

10 commentaires sur « Lust for Life de Lana Del Rey : un album à deux vitesses »

  1. Ça fait beaucoup de mal à mon petit cœur de lire ça, ils sont tellement géniaux ces deux albums ! 😢
    Mais il en faut pour tous les goûts comme on dit. Je pense que celui-là a plus de chances de te plaire, au moins dans sa première partie 😉

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  2. Étant une grande fan de Lana Del Rey, je suis assez d’accord avec cet article (même si pour le coup, je trouve que Tomorrow never came est une vraie pépite). Peut être est il effectivement encensé par la critique et le public mais je trouve Ultraviolence bien au dessus niveau paroles et musique. Quand à Honeymoon, que dire, on atteint la perfection. Mais il faut peut être plusieurs écoutes pour s’en rendre compte.
    Très bon article encore une fois !!

    Aimé par 1 personne

    1. Complètement d’accord ! Pour moi les pépites de Lust for Life sont Tomorrow never came, Beautiful people, God blessed America et Rosemary (à la rigueur Get free) mais je trouve cet album loin du niveau des autres ! Ça me rassure d’entendre quelqu’un qui a le même avis que moi j’avais l’impression d’être la seule à penser ça !

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    2. Rosemary ? Tu veux dire Cherry non ? (c’est la seule chanson où elle prononce ce mot je crois). Je t’avoue que je n’ai pas eu beaucoup de retours de fans sur cet album, dans l’ensemble ils le préfèrent aux deux derniers ?
      Après il faut dire qu’avec la promo tournant autour du signe Hollywood, je m’attendais à un album relativement sombre dans la veine de la chanson « Lust for Life », donc j’ai été assez surpris.

      Aimé par 1 personne

    3. Oui c’est ça désolée 🙂
      Oui que ce soit les fans ou même les journalistes je lis partout « son meilleur album depuis Born to Die » etc…

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    4. Tant mieux après. Il en faut pour tous les goûts, on ne pourra jamais tous être d’accord. Le plus important c’est qu’elle fasse ce qui lui plaît quand ça lui plaît. Même si c’est son album que j’aime le moins, ça reste un bon album que j’ai plaisir à écouter ! 🙂

      Merci encore pour tes commentaires en tout cas, content d’avoir pu en discuter avec une fan de notre chère Lana ! ☺️

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