Bonjour à toutes et à tous !

Le temps est venu pour moi de vous reparler musique. Cependant, l’article du jour me fait sortir de mes sentiers battus puisque contrairement à mes articles précédents, ce n’est ni un artiste anglophone ni la pop qui vont être à l’honneur : je vais vous parler de La vraie vie, le deuxième album des rappeurs français Bigflo & Oli sorti en juin dernier. Découverts avec leur lead single La vraie vie en mai, je m’étais désintéressé d’eux jusqu’à ce que je puisse avoir un avant-goût de leur travail dans une vidéo de Squeezie qui m’a finalement convaincue d’écouter leur album (je dois l’avouer, leur promotion à travers les youtubeurs est un excellent stratagème, joli coup de leur part). Était-ce une bonne idée ? Réponse tout de suite.

 

UN ALBUM AUTHENTIQUE

 

 

 

Sur les chapeaux de roue, l’album démarre avec la chanson éponyme dont la production lourde et grave sert de vecteur à un texte rempli de sens : les deux frères reviennent sur leur succès et nous font part de leurs doutes, de leurs regrets mais aussi de leur détermination à progresser. Il n’y avait probablement pas de meilleur titre pour annoncer la couleur, celle d’un album placé sous le signe de l’authenticité, en témoignent d’ailleurs le nom et la pochette choisis. Avec La vraie vie, les rappeurs parviennent sans la moindre difficulté à transmettre la puissance de l’amour fraternel qu’ils éprouvent l’un pour l’autre tout en se dévoilant dans le plus simple appareil à travers des titres tout à fait personnels qui nous permettent de les découvrir en tant que personnes. Olivio, titre solo où Oli nous raconte sa vie de sa naissance à aujourd’hui, Papa, l’entêtante chanson hommage rendue à leur père ou encore Sac à dos, titre léger teinté de nostalgie et d’innocence dans lequel ils reviennent sur leurs souvenirs d’école sont autant de titres nous donnant l’agréable impression d’être réellement proches d’eux. Sans oublier deux des meilleures chansons de l’album, l’envoûtante Répondez-moi et la dansante La vie normale dans lesquelles ils tentent de convaincre, non sans une légère part d’autodérision, les plus sceptiques que malgré leur succès ils gardent la tête sur les épaules et restent des monsieur-tout-le-monde accessibles pour leur public.

 

UN ALBUM ENGAGÉ

 

 

Dans l’excellent titre Personne, qui critique ouvertement le fait qu’aujourd’hui le public n’accorde plus la moindre importance aux paroles des chansons qu’il écoute, une phrase attire pourtant l’attention : « Mes potes me disent : pourquoi vous faites pas comme les autres, alcool et weed ? ». Elle ne pouvait pas mieux décrire cet album. À une époque où le rap français se résume principalement à des morceaux sexistes, vides de sens et vulgaires avec pour seuls thèmes l’alcool, la drogue et le sexe, les deux frères ont l’audace de prendre le contre-pied de cette tendance, préférant aborder des thèmes forts, poignants ou tout en simplicité, le tout avec une parfaite maîtrise de la langue française et de ses nuances. Parmi les meilleurs titres de l’album, on trouve notamment Autre part, déchirante chanson ayant pour thème le suicide et la dépression ou encore le léger Alors alors, qui évoque tout simplement un thème qu’on connaît tous : la perte de vue d’une personne avec qui l’on était pourtant proche. Difficile de ne pas évoquer également l’audacieux Ça va trop vite (en featuring avec le rappeur américain Busta Rhymes) évoquant les dérives de la jeunesse, Dommage (co-produit par Stromae), qui revient sur les choix s’offrant quotidiennement à nous ainsi que les poignants Trop tard (en featuring avec JoeyStarr) et Salope !, qui parlent avec une grande profondeur de violence conjugale, des méfaits de la drogue et de l’alcool et de prostitution. Sans oublier l’enivrant morceau Dans mon lit, long titre clôturant l’album en évoquant de très nombreux sujets et le puissant Je suis, titre bonus évoquant la diversité qui caractérise la nation française.

 

UN ALBUM UNIQUE

 

Alors que l’album se révèle être authentique et engagé à travers ses textes (qu’ils ont écrits seuls, soulignons le), il apparaît également l’être à travers sa production qui est entièrement assurée par Bigflo et Oli eux-mêmes. Malgré leur jeune âge, les toulousains nous prouvent qu’ils ont un réel talent pour la musique et qu’ils ne se sont pas trompés de carrière grâce à leurs nombreuses mélodies : qu’elles soient lourdes ou légères, elles parviennent sans la moindre difficulté à retransmettre des émotions bien tranchées, les rendant alors complètement indissociables des textes qu’elles accompagnent. Tantôt joyeuses, tantôt festives, tantôt touchantes, tantôt poignantes, aucune d’elles ne laisse indifférent et toutes sont marquées de leur patte personnelle. Cette authenticité se retrouve également dans la voix des deux frères qui, en plus d’être parfaitement complémentaires, ne sont agrémentées d’aucun artifice, à une époque où trop de rappeurs camouflent leur manque de talent derrière une utilisation abusive et désagréable au possible d’autotune. Qu’ils fassent du rap, du slam, du hip-hop ou qu’ils se laissent aller à pousser la chansonnette, le résultat est toujours au rendez-vous grâce à un flow indéfectible de leur part.

 

La vraie vie est donc un album qui tient toutes ses promesses et qu’on écoute encore et encore sans même se lasser. À la fois puissant, engagé, unique, audacieux et surtout authentique, il prouve piste après piste le talent des deux frères dont la virtuosité ne cesse d’étonner. Après un premier album (que je vais m’empresser d’écouter) certifié disque d’or, faisant alors d’eux les plus jeunes rappeurs français à recevoir ce prix, puis disque de platine, le fait que ce deuxième album soit certifié disque de platine seulement trois mois après sa sortie ne surprend aucunement et est surtout amplement mérité. Il ne nous reste désormais plus qu’à attendre patiemment la suite pour voir les surprises qu’ils ont encore à nous proposer.

6 commentaires sur « La vraie vie de Bigflo & Oli : le rap français n’est pas mort ! »

  1. Je vais les voir en concert le 12 novembre à Lyon, j’ai la quasi certitude d’y passer une bonne soirée. Le morceau « je suis » dans sa version symphonique m’avait transformé, tout leur album est cohérent et bon, un digne successeur de la cour de grands. Si tu n’as pas vu les impros faites avec Squeezie et les mots du dico, c’est particulièrement drôle et bien tourné/monté. J’ai adoré : c’est du rap recherché, rien à voir avec la dose d’autotune et de non talent qu’on trouve partout…

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    1. C’est justement les vidéos de Squeezie qui m’ont poussé à écouter l’album. J’ai adoré le résultat de leur première vidéo (limite j’aimerais que la chanson soit enregistrée en studio haha), un peu moins celui de la deuxième mais ça reste quand même très bon.
      J’espère que tu nous feras un petit compte rendu de la soirée ! 🙂 J’aurais aimé aller les voir aussi mais ils ne passent que le 30 mars à Montpellier et je serai probablement au beau milieu de ma période de concours, donc… Une prochaine fois.

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    1. En effet. Ils ont même beaucoup plus de qualités que la plupart des rappeurs adulés dont la musique se limite à des textes bidons remplis de provocations et de l’autotune à outrance. Mais bon, il faut de tout pour faire un monde ! 🙂

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