Bonjour à toutes et à tous !
Il y a tout juste dix ans maintenant, une nouvelle série faisait son apparition aux États-Unis sur la chaîne The CW : Gossip Girl. Adaptée par Josh Schwartz et Stephanie Savage (Newport Beach, Chuck) à partir d’une série littéraire écrite par la romancière américaine Cecily von Ziegesar, elle met en scène la jeunesse dorée de l’Upper East Side à Manhattan en explorant diverses thématiques liées à l’adolescence : amitié, amour, famille, fête, drogue, alcool, etc. En somme, une série pour adolescents que beaucoup qualifieraient de girly. Mais puisque je suis un homme qui regarde de tout, alors que je cherchais une nouvelle série à regarder lors d’une chaude nuit d’été, je me suis tourné vers Gossip Girl qui est disponible en intégralité sur SFR Play, sans vraiment savoir pourquoi. Trois saisons (sur six) plus tard, un petit compte rendu s’impose.
UN DÉPART PLUTÔT CONVAINCANT…
La série commence, les premiers épisodes de la saison 1 s’enchaînent et le constat est là : c’est prenant. Malgré son côté niais très poussé –série teenage oblige– qui se manifeste de manière récurrente par un « tout est bien qui finit bien » à chaque fin d’épisode, on se retrouve rapidement pris au jeu. On se plaît à découvrir les personnages, leur personnalité, leurs histoires, leurs problèmes et on éprouve un petit plaisir malsain à les regarder se tirer constamment dans les pattes ou se planter des couteaux dans le dos à la moindre occasion, ce qui donne parfois lieu à des dialogues bourrés de répliques bien senties qui nous feront doucement sourire. Bien que les intrigues n’apportent rien d’original et aient tendance à abuser de l’effet quiproquo pour créer les nombreux drames nourrissant la série, on parvient assez facilement à passer outre pour tenter tant bien qu’en mal d’entrer dans leur univers duquel le spectateur, par sa classe sociale, est clairement exclu (car oui, aux yeux de la plupart des personnages, seule la haute sphère compte et tout le reste est constamment source de mépris et de dénigrements). On apprécie surtout le rôle central de Gossip Girl, la mystérieuse blogueuse que tous les lycéens suivent et qui dévoile chaque jour tous les potins et toutes les rumeurs que les jeunes lui font parvenir, représentant ainsi la seule véritable originalité de la série. Une idée qui n’était pas si mauvaise quand on y pense puisque la série a fait son apparition en 2007, soit au moment même où l’univers du blogging était en plein essor (que celui qui n’a jamais eu de Skyblog se manifeste !), ce qui permet de mettre en valeur un fait de société relativement intéressant. À condition qu’il soit bien traité, et la première saison était plus que prometteuse sur ce point.
…JUSQU’À CE QUE LES PREMIERS DÉFAUTS ÉMERGENT
Plus vite que prévu, la deuxième saison arrive et même si la formule continue de fonctionner, les premiers défauts font leur apparition. Pour commencer, on remarque rapidement que le « personnage » de Gossip Girl se retrouve relégué au second plan, devenant progressivement un simple narrateur omniscient n’ayant plus vraiment d’influence sur le déroulement des événements, à l’exception de quelques rares occasions. Tristement, la série perd ainsi son principal atout et tend à devenir qu’une simple série pour adolescents parmi tant d’autres malgré ses quelques particularités. De plus, on commence à réaliser le côté invraisemblable de la situation des personnages : alors qu’on a affaire à des adolescents de 16-17 ans, on les retrouve trop souvent au beau milieu d’un rythme de vie qui ne leur correspond pas et qui les place souvent dans une illégalité complète aux yeux de la loi. Certes, ils sont riches et cela implique nécessairement des privilèges, mais voir qu’ils se comportent et sont traités par tout le monde comme des adultes finit par déranger et par donner l’impression que finalement, leur situation d’adolescent n’est qu’un prétexte visant à cibler un public bien précis. Gossip Girl se retrouve ainsi entre deux feux et le tout devient quelque peu bancal. Enfin, alors que la saison progresse, on remarque que les scénaristes commencent déjà à manquer d’imagination et à tomber dans tous les travers d’une série dramatique : les personnages peinent à évoluer, les intrigues ont tendance à tourner en rond, les drames créés à partir de malheureux problèmes de circonstances se multiplient et tout le monde commence à sortir avec tout le monde, donnant parfois lieu à des couples plus qu’improbables qui n’ont clairement rien à faire ensemble.
GOSSIP GIRL OU LA SÉRIE PASTICHE
Puis vient la saison 3. La saison précédente mettant un terme aux années lycée de la majeure partie du casting, on espère que la série va prendre un tournant plus mature pour accompagner les personnages qui entrent à la fac pour certains, dans le monde du travail pour d’autres. Grave erreur. La série stagne sur tous les plans et commence déjà, au bout de la troisième saison seulement, à tourner en rond et à s’enfoncer dans le drama de bas étage, jusqu’à devenir une sorte de pastiche du genre. En trois ans de temps, les personnages n’ont pas évolué d’un pouce et continuent de se comporter de la même manière que lorsqu’on les a rencontrés, accumulant réactions abusives et incohérentes, égo mal placé, naïveté extrême et débilité profonde. Même ceux qui ont eu la chance de bénéficier d’un bon traitement en gagnant en maturité, à l’image de Chuck, finissent par retomber dans leurs travers des débuts. De la même manière en ce qui concerne les intrigues, on finit toujours par en revenir à la case départ, y compris du côté des relations amoureuses. Sur fond d’un « je t’aime moi non plus » constant, les personnages se mettent ensemble, se disputent, se trompent, se séparent, se remettent ensemble, se séparent de nouveau, à un tel point que plus rien n’est crédible. Serena obtient d’ailleurs la palme du personnage le plus énervant sur ce point puisque tous les deux épisodes elle en arrive à tomber amoureuse d’un homme différent. Et le tout, bien entendu, toujours à base de problèmes de circonstances et de quiproquos dont le seul objectif est de créer encore et encore des drames inutiles et ridicules, jusqu’à ce qu’on finisse par en faire une overdose et qu’on s’en lasse. Même leurs plans vicieux et rocambolesques ne parviennent plus à convaincre tant ils nous paraissent puérils et inadaptés à l’âge des personnages.
Malgré ses débuts prometteurs, Gossip Girl perd donc trop rapidement en intérêt en négligeant ses principaux atouts et en se montrant frileuse face à la moindre évolution. Enfermant tantôt ses personnages dans un rythme de vie trop mature puis, le moment venu, dans une puérilité inadaptée, les scénaristes peinent à convaincre et semblent refuser l’idée d’évoluer au même titre que le public pourtant ciblé : les adolescents. Misant tout sur la multiplication des drames, ils en arrivent même à décrédibiliser la totalité des événements auxquels sont confrontés les personnages qui en arrivent à nous laisser dans l’indifférence la plus totale, d’autant plus quand on sait que quoi qu’il arrive dans cette série : tout est bien qui finit bien, tout le monde s’aime et puis c’est tout.
Bref, pour ma part, j’ai eu ma dose de Gossip Girl pour un moment et les trois saisons suivantes attendront quelques mois, si ce n’est quelques années. En espérant que les choses évoluent enfin après coup.
C’est vrai qu’ils ont souvent tendance à vouloir faire durer des séries qui pourraient plier leur histoire en 4 saisons max ! C’est dommage car au bout d’un moment on a plus tellement envie de regarder.
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