Bonjour à toutes et à tous !
Le vendredi 13 octobre dernier, je consacrais un article au jeu d’horreur The Evil Within à l’occasion de la sortie du deuxième opus. Timing on ne peut plus parfait une fois encore, je reviens vers vous en ce 31 octobre, jour de fête consacré aux monstres et à la peur, pour vous livrer ma critique de The Evil Within 2.
Toujours développée par Tango Gameworks et éditée par Bethesda, cette suite nous replace aux commandes de l’ex-inspecteur Sebastian Castellanos. Lourdement traumatisé par les événements qu’il a vécus à Beacon, ce dernier cherche à débusquer Mobius, la société à l’origine de tout cela, afin d’obtenir des réponses à ses questions. Lors d’un énième soir de beuverie, il se retrouve face à son ex-acolyte à la solde de l’entreprise, Julie Kidman, qui l’informe que sa fille Lily, qu’il croyait morte dans un incendie depuis des années, est en réalité toujours vivante mais en grand danger. Abasourdi par cette nouvelle, il accepte néanmoins de travailler avec eux et de plonger dans une nouvelle version cauchemardesque du STEM afin de lui venir en aide.
Trois ans après un premier opus ayant bouleversé le monde du survival-horror, la licence de Shinji Mikami fait donc son grand retour. Cependant, ce dernier n’est plus aux commandes : simple producteur exécutif, il a relégué son rôle de directeur à John Johanas, à qui l’on doit les DLC The Assignment et The Consequence du premier jeu. Mais alors, The Evil Within 2 est-il à la hauteur de son prédécesseur qui, malgré ses défauts, parvenait à placer la barre relativement haut ? Réponse tout de suite.
SEBASTIAN, C’EST L’HEURE DU BAIN
Dans ce deuxième opus, notre ami Sebastian se retrouve à plonger dans une nouvelle version du STEM de son plein gré afin de porter secours à sa fille Lily. Mais sans surprise, la ville d’Union à l’origine conçue par Mobius pour représenter la parfaite petite bourgade américaine s’est transformée en véritable cauchemar où la violence et les monstres accompagnent une désagrégation progressive de l’environnement. Le responsable de tout cela n’est autre que Stefano Valentini, un mystérieux individu à l’esprit aussi perturbé que celui de feu Ruvik qui remodèle l’univers idyllique du STEM à son image. Si à première vue The Evil Within 2 semble reprendre les mêmes codes que son aîné dans un contexte différent, il n’en est rien. En effet, aussi peu originale cette révélation soit-elle, le fait d’apprendre que Lily est bel et bien en vie donne à cet opus une force et un rôle considérables dans l’histoire de licence. Alors que le premier opus nous montrait un héros trop souvent passif et dénué de charisme, celui-ci nous dévoile un Sebastian plus humain que jamais et maître de son aventure malgré le fait qu’il apparaisse profondément brisé et torturé, aussi bien à cause des événements traumatisants vécus à Beacon que de son passé personnel qui prend ici une grande ampleur. Tout en conservant son aspect horrifique, cette aventure laisse davantage de place à l’aspect émotionnel et se développe autour de la psychologie de l’ex-inspecteur en multipliant habilement les liens entre les événements d’il y a trois ans et ceux d’Union qui sont en cours. Le héros gagne ainsi énormément en profondeur en voyant son histoire se développer et tend davantage à attiser la compassion du joueur que lorsqu’il n’était qu’une coquille vide subissant la totalité des événements sans broncher. De la même manière que son aîné mais dans un registre quelque peu différent, The Evil Within 2 nous présente donc un scénario fort, complet et travaillé permettant d’étoffer l’univers de la licence tout en bénéficiant d’une narration moins éclatée, mieux maîtrisée et beaucoup plus claire. On regrettera néanmoins que la majeure partie des autres personnages, qu’ils jouent un rôle important ou secondaire, apparaissent bien moins travaillés voire même sous-exploités, ce qui se ressent comme une certaine crainte de la part des scénaristes de faire de l’ombre à notre héros, véritable vedette de cette aventure.
L’HORREUR, C’EST TOUT UN ART
Si l’aspect émotionnel joue un rôle prépondérant, l’aspect horrifique n’est évidemment pas en reste et propose son lot d’antagonistes, de monstres et de boss en tout genre. Stefano Valentini, l’un des grands vilains de l’histoire, parvient rapidement à s’imposer comme le digne successeur de Ruvik. En effet, en l’espace de quelques chapitres seulement, il devient un personnage emblématique dont l’univers visuel auquel il est rattaché donne lieu à une direction artistique des plus sublimes. À la fois violente, glauque et psychédélique, elle prend cependant le contrepied du précédent opus en mettant de côté le gore à outrance au profit d’une volonté de faire de l’horreur une forme d’art, retranscrivant ainsi à merveille la personnalité de Stefano. Cela donnera parfois lieu à de superbes séquences plaçant le joueur dans un grand état de stress ou de peur, rappelant sans conteste certaines des meilleures scènes du premier opus. On ne peut malheureusement pas en dire autant pour le second antagoniste de l’histoire : Theodore Wallace se présente comme un personnage à la personnalité et aux motivations bien moins travaillés et beaucoup plus clichés. Moins convaincant sur le papier, il incarne également un tournant définitivement plus action au cœur du gameplay et de la direction artistique dont l’univers rappellera sans doute beaucoup de souvenirs aux fans de Resident Evil 4. En ce qui concerne le bestiaire, ce deuxième opus se révèle être légèrement décevant dans l’ensemble puisqu’il nous propose des ennemis moins inspirés que par le passé. Si deux ou trois boss parviennent à tirer leur épingle du jeu comme il se doit, ce n’est pas le cas des ennemis de base qui, en plus d’être très peu nombreux, semblent parfois tout droit sortis d’un The Last of Us. Finalement, il semblerait que The Evil Within 2 ait décidé d’inverser la tendance par rapport au premier opus : accordant plus de soin au scénario, il peine à nous proposer une aventure aussi terrifiante que précédemment en négligeant davantage l’aspect horrifique, en particulier dans sa seconde moitié, et ce malgré la présence de quelques belles réussites. Notons tout de même la qualité de la bande-son dont les thèmes jonglent sans difficulté entre horreur et émotion, nous proposant alors de belles pépites.
BIENVENUE À UNION, LA BOURGADE INFERNALE
En termes de gameplay, l’une des principales nouveautés de The Evil Within 2 repose sur la ville d’Union, qui s’apparente à un monde semi-ouvert. À travers des zones relativement grandes mais suffisamment limitées tout de même, le joueur peut, à sa guise, partir jouer les explorateurs afin de réaliser quelques quêtes annexes ou secondaires tout à fait captivantes mais surtout afin de faire le plein de ressources en tout genre. À ses risques et périls bien sûr, la ville étant infestée de monstres avides de violence. Cette idée extrêmement intéressante permet d’accompagner le nouveau système typé RPG nous permettant de crafter à notre guise soins (via des herbes à la Resident Evil) et munitions (via de la poudre et/ou autres composants) grâce aux établis présents dans les diverses planques (ou directement dans l’inventaire, ce qui coûte alors plus cher en ressources). De la même manière que dans le premier opus mais à plus grande échelle, le jeu nous pousse donc à nous mettre en danger afin récolter des ressources qui pourront se révéler cruciales à l’avenir. Cependant, tout cela a quand même des répercussions sur l’ambiance et, en conséquence, sur la difficulté. Tout d’abord, l’exploration tend à nous sortir du rythme effréné imposé par le scénario et donc à faire redescendre la tension accumulée lors des phases linéaires de jeu, entraînant alors une disparition progressive du sentiment de peur. Ce phénomène est d’autant plus renforcé qu’en se montrant plus généreux sur les ressources et en nous offrant la possibilité de nous crafter du matériel, le jeu perd quelque peu en difficulté puisqu’on se sent beaucoup moins en danger qu’on ne pouvait l’être dans The Evil Within premier du nom où chaque balle et chaque seringue étaient précieuses. Cela ne veut pour autant pas dire que le jeu se veut plus tolérant : bien que la difficulté apparaisse bel et bien amoindrie, même en mode Cauchemar, les ennemis sont toujours aussi coriaces et dangereux et on continue de se sentir vulnérables face à eux. Foncer dans le tas tête baissée conduit la majeure partie du temps à une mort certaine. Et sachez le, la customisation de Sebastian, toujours à base de gel vert récolté sur les ennemis, est loin d’en faire un surhomme ultra résistant puisque ces derniers évoluent en même temps que lui…
UN STEM DE MEILLEURE QUALITÉ
Avant de terminer, évoquons l’aspect technique de la bête qui était le point faisant le plus défaut à la licence en 2014. Bien que développé avec le même moteur que son grand frère, The Evil Within 2 parvient à passer un grand cap, surtout d’un point de vue graphique. Dans l’ensemble le jeu est plus soigné, plus fin et plus beau, ce qui nous permet de profiter au mieux de la direction artistique et de sa réalisation de grande qualité. Malgré les quelques défauts persistants tels que la présence récurrente de clipping ou de textures plus que douteuses, le titre parvient sans grande difficulté à faire ses preuves. On apprécie surtout le soin apporté aux personnages principaux (contrairement aux autres…), et en particulier à Sebastian, dont les traits sont parfaitement définis malgré des expressions faciales encore un peu légères. Il en va de même pour le bestiaire qui propose son lot de créatures bizarres et terrifiantes, même si elles sont moins originales que par le passé. D’un point de vue purement technique, le jeu a également fait des progrès puisque le gameplay nous apparaît plus fluide et plus agréable à prendre en main, bien qu’il continue à montrer quelques limites lors des phases les plus stressantes et notamment en zones étroites. En dehors des quelques bugs de collision, de légers ralentissements ou encore de temps de chargement un peu longs, on relèvera cependant un système de visée plutôt anecdotique tant il est difficile à appréhender, même au bout de plusieurs heures de jeu. À ce titre, on appréciera néanmoins le clin d’œil fait à Resident Evil 4 qui en fera probablement sourire plus d’un.
Il ne fait donc aucun doute que The Evil Within 2 a réussi avec succès à faire ses preuves. Échappant brillamment au piège des suites sans originalité et à la légitimité douteuse, il parvient à faire évoluer la formule du premier épisode dans le bon sens en développant davantage encore cet univers passionnant créé par Shinji Mikami il y a trois ans. En progression sur tous les points, il se montre cependant moins percutant et moins mémorable d’un point de vue horrifique en s’ouvrant plus facilement à un plus large public, ce qui passe notamment par une difficulté légèrement revue à la baisse. Quoi qu’il en soit, The Evil Within continue de faire son petit bonhomme de chemin dans le monde de l’horreur vidéoludique et semble bien parti pour devenir une nouvelle saga phare. Si suite il doit y avoir, on l’attend avec impatience !
2 commentaires sur « The Evil Within 2 : aussi terrifiant que le premier ? »