Bonjour à toutes et à tous !

Alors que le troisième épisode de Life is Strange : Before the Storm s’apprête à faire son apparition, je tiens pour ma part à revenir sur Life is Strange, que j’ai eu l’occasion de faire dans son intégralité il y a deux mois. Développé par le studio français Dontnod Entertainment (Remember Me) et édité par Square Enix, ce jeu demeure probablement l’un des plus gros succès de 2015 et s’est rapidement fait une place de choix parmi les jeux qu’on qualifie communément de « film interactif ». Il n’en fallait pas moins pour me donner la furieuse envie de le découvrir, bien que cela se soit fait assez tardivement (mais mieux vaut tard que jamais comme on dit). La question est donc : est-il à la hauteur de sa réputation ? Réponse tout de suite.

 

Une introduction haute en intensité

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Life is Strange nous place aux commandes de Maxine ‘Max’ Caulfield, une étudiante en photographie à l’université Blackwell d’Arcadia Bay, une petite bourgade (fictive) de l’Oregon. Au beau milieu d’une journée de cours en apparence banale, elle est témoin d’un terrible événement qui lui fait découvrir qu’elle possède la capacité de remonter le temps sur de courtes périodes. À peu près au même moment, elle apprend également à travers une vision que dans une semaine jour pour jour, la ville sera ravagée par une immense tornade. C’est ainsi que débute l’aventure de Max, bien décidée à se servir de son don pour empêcher ce phénomène de se produire tout en ayant à gérer en parallèle sa vie personnelle et son enquête sur la mystérieuse disparition d’une étudiante. Les bases du jeu étant posées avec une introduction plus que réussie, on se lance tête baissée dans cette histoire incroyable et palpitante étendue sur cinq épisodes, le jeu étant développé sous forme épisodique.

 

Un récit déchirant aux choix multiples

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Mais la particularité de Life is Strange repose avant tout sur son gameplay qui prend la forme d’un récit narratif interactif, à l’image des jeux signés Quantic Dream (Heavy Rain, Beyond : Two Souls) ou encore d’Until Dawn. En effet, tout au long de l’aventure, le joueur est confronté à un très grand nombre de choix à faire, que ce soit à travers des dialogues à choix multiples ou des interactions environnementales, choix qui auront bien entendu des conséquences plus ou moins directes et importantes sur le déroulement de la suite de l’aventure. Néanmoins, à la différence des autres jeux du même genre, la capacité de Max nous permet d’étudier toutes les possibilités pour voir laquelle nous convient le mieux et nous semble la plus appropriée. Cela ne veut pour autant pas dire que l’expérience en ressort moins intense, bien au contraire ! Le fait de ne pas avoir à prendre nos décisions à la hâte nous pousse à réfléchir plus longuement aux hypothétiques conséquences que peuvent avoir nos choix et rend ainsi chaque prise de décision plus difficile qu’à l’accoutumée.

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À noter cependant, si l’aventure de Life is Strange peut varier sur bien des points à partir de nos différents choix, le principe n’est pas aussi poussé que dans les autres jeux précédemment cités. Dans le cas présent, seul le déroulement des scènes et la relation qu’entretiennent les personnages varient tandis que l’histoire est quant à elle déjà toute tracée et nous emmène là où elle veut qu’on aille sans qu’on ne puisse fondamentalement la modifier. Ainsi, chacun des cinq épisodes nous permet de mettre toutes les pièces du puzzle en place jusqu’à ce qu’on découvre le fin mot d’une histoire qui se révèle être bien plus surprenante que prévue. En effet, si les bases avaient été établies de manière claire mais mystérieuse dès le début, on découvre au fur et à mesure un scénario dont l’ampleur et la profondeur étaient loin d’être prévisibles. Grâce à sa narration et à sa mise en scène de très grande qualité, le jeu nous emmène sur un terrain auquel on ne s’attendait pas le moins du monde et nous fait traverser une aventure extrêmement forte d’un point de vue émotionnel, avant de se conclure de la manière la plus cruelle qui soit en nous imposant un ultime choix terriblement déchirant. On en ressort alors aussi bouleversés qu’enthousiasmés et il ne fait aucun doute que cette histoire marquera les esprits un long moment.

 

Un souci du détail à double tranchant

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Si l’aventure ne manque pas d’intensité, on notera tout de même un léger problème de rythme par moments. En effet, on regrettera le fait que l’essentiel de l’action se déroule sur les deux derniers épisodes, et en particulier sur le cinquième qui est de loin le plus exceptionnel de tous sur tous les plans. Les trois premiers épisodes servent principalement à mettre en contexte la totalité des événements et sont davantage axés, pour le joueur, sur la découverte et l’exploration. Sans aller jusqu’à dire qu’ils sont ennuyeux puisque ce serait un énorme mensonge, on peut estimer qu’ils prennent trop de temps à développer les différentes relations entre les personnages et l’ensemble des enjeux inhérents à l’histoire, privilégiant davantage (avec réussite) la poésie et l’émotion du récit à une montée progressive de la tension liée à une catastrophe qui s’approche pourtant à vitesse grand V. La faute à un souci du détail extrêmement poussé de la part des scénaristes qui ont développé la profondeur de chacun des éléments du récit avec une rigueur tout bonnement exceptionnelle, aucun petit détail ne manquant à l’appel, aussi futile soit-il.

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S’il s’agit assurément d’une grande qualité dans un jeu narratif comme celui-ci, cela tend également à lui porter préjudice lors des phases de gameplay qui ne tarissent pas d’interactions en tous genres. Le joueur ayant la possibilité d’interagir avec une grande partie des éléments environnementaux pour en apprendre plus sur la ville, sur son histoire ou encore sur les personnages, on en arrive facilement à prendre plusieurs heures à tout explorer au détriment de l’avancée de l’histoire qui s’en retrouve sans cesse reportée, ce qui tend à briser le rythme pourtant voulu. Sans doute aurait-il été préférable de limiter un peu le phénomène pour rendre l’aventure aussi intense qu’elle pourrait l’être en évitant l’accumulation de temps morts. Cela dit, il faut avouer que le jeu en vaut la chandelle tant les références satiriques à notre société sont nombreuses, marrantes et criantes de vérité.

 

Une direction artistique remarquable

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Le point où Life is Strange parvient également à se démarquer des autres jeux du même genre repose sur son parti pris artistique. Loin de vouloir proposer des graphismes réalistes pour concurrencer les plus grands titres, le jeu se présente comme une aventure graphique qui possède beaucoup de charme bien que les visages et certains environnements ne soient pas des plus réussis, de même que les expressions faciales qui ont tendance à se faire trop discrètes. Si c’est un choix qui ne plaira pas forcément à tout le monde, on apprécie tout de même la qualité générale du travail qui en ressort très soigné et parfaitement maîtrisé. Accompagné d’un grand sens de la mise en scène, cela tend à rendre l’aventure plus poétique encore et nous pousse indéniablement à apporter un regard différent sur l’expérience que nous procurent habituellement les œuvres de ce style. Le seul grand regret que l’on pourra avoir vient finalement de l’absence de doublage français, d’autant plus quand on sait que le jeu a été développé par un studio de chez nous.

 

Pour la faire courte, oui, Life is Strange est clairement à la hauteur de sa réputation. Il s’agit même d’un must-have pour tous les amateurs de jeux narratifs et interactifs. Grâce à son scénario à la fois surprenant, émouvant, déchirant, captivant et poétique, on peine à lâcher la manette tant on est impatient de connaître le fin mot d’une histoire qui en marquera plus d’un. Si notre manière de jouer peut créer un certain problème de rythme sur les trois premiers épisodes, l’aventure ne laisse pas la moindre place à l’ennui et maîtrise son côté interactif à la perfection malgré le fait que l’histoire soit dotée d’un fil rouge qu’on ne peut fondamentalement modifier. En attendant la sortie du deuxième opus, il ne fait aucun doute qu’il faut se ruer sur le préquel actuellement développé par Deck Nine Games, qui vise à étoffer le background du jeu !

6 commentaires sur « Life is Strange : un jeu narratif fort et surprenant »

  1. Et me voilà sur ton blog ! Ta critique est très intéressante, complète et bien écrite. Je suis vraiment d’accord avec toi, c’est un jeu de qualité, bien qu’il ait ses défauts. Je vais revenir sur deux d’entre eux, dont tu as parlé. Oui, la liberté intégrale de choix n’est qu’une illusion. Mais on peut malgré tout avoir des sorts très différents, pour certains personnages, bien que ça n’ait pas d’impact fondamental sur l’intrigue. Mais finalement, tous les jeux de ce genre ont ce problème. La saison 2 de Walking Dead avait essayé de proposer des choix très différents et percutants, mais selon moi, ils ont été incapables de les assumer et de jongler avec, et la saison 3 s’en lave les mains… Après, pour revenir à Life is strange, ce jeu m’a beaucoup marqué. Mais j’ai effectivement mis beaucoup de temps à rentrer dedans ! Je n’arrivais pas à expliquer cet ennui du début, mais oui, tu as mis le doigt dessus : c’est le revers de la médaille du souci du détail. D’autant que Max est un peu ennuyeuse et fade, avant d’évoluer. (Ce qui est peut-être du au manque d’expressions faciales, malgré la superbe ambiance esthétique). Au plaisir de te lire… !

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour les compliments ! 😀
      Je suis d’accord sur le fait que même si l’intrigue ne change pas, le fait est que les choix ont presque tous de véritables conséquences. Il suffit d’aller voir un compte rendu détaillé pour s’en rendre compte. Après, ce n’est pas un point sur lequel on peut leur en vouloir parce que même si le jeu nous pousse à prendre nos propres décisions, il ne nous demande pas d’écrire l’histoire, seulement de la vivre à notre manière. Contrairement à un Heavy Rain par exemple où on a davantage un rôle de scénariste puisque la quasi-totalité du récit dépend de nous, de nos choix et de nos actions. Après pour The Walking Dead je t’avoue que je n’ai pas encore eu l’occasion de les faire, donc je ne pourrais pas comparer.
      Pour la lenteur du début, je pense qu’ils ont voulu prendre leur temps afin de poser de solides bases pour que le joueur puisse s’attacher aux personnages et à leurs histoires en peu de temps. Le problème c’est que finalement, plutôt que d’avoir une tension qui monte crescendo d’épisode en épisode, on se retrouve avec trois premiers épisodes assez plats avant de voir la tension monter en flèche et sans temps mort dès l’épisode 4. C’est dommage, mais ils ont quand même bien maîtrisé le truc, donc ça va. À voir ce que ça donnera sur Before the Storm et sur le deuxième opus.

      En tout cas merci pour ton commentaire et à bientôt ! 🙂

      Aimé par 1 personne

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