Quatre ans après le grandiose Batman Arkham City et moins de deux ans après Batman Arkham Origins, un préquel réalisé par le studio Warner Bros Games Montréal, Rocksteady a décidé de reprendre la direction de sa licence à succès pour nous offrir un dernier opus intitulé Batman Arkham Knight. Sorti en juin 2015 sur la nouvelle génération de consoles –actuelle à l’heure de cette critique–, il fait suite aux événements d’Arkham City et promet d’apporter son lot de nouveautés contrairement à Arkham Origins qui tendait à se reposer sur les acquis de son prédécesseur. Cet ultime épisode est-il à la hauteur d’une saga qui est unanimement considérée comme l’une des plus réussies, si ce n’est la plus réussie, en matière de super-héros ? Réponse tout de suite.

 

Gotham, entre paradis et terreur

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L’histoire d’Arkham Knight prend place neuf mois après les événements d’Arkham City, dont l’aventure a conduit à la mort de l’ennemi public numéro un : le Joker. Suite à cela, Gotham City a enregistré une période de paix exceptionnelle durant laquelle le taux de criminalité s’est retrouvé à son plus bas niveau jamais enregistré, chose aussi bien accueillie du côté des forces du GCPD que par les habitants de la ville. Jusqu’au jour où l’Épouvantail, pourtant présumé mort depuis Arkham Asylum, a fait son grand retour en menaçant de libérer un gaz aussi dangereux que mortel au sein de la ville, entraînant la fuite de toute la population ainsi que d’une partie des forces de l’ordre. À nouveau, la ville a donc été laissée entre les mains de criminels en tous genres, bien décidés à y semer le chaos et la terreur.

 

« C’est comme ça… que Batman est mort »

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C’est ainsi que débute l’ultime épopée du célèbre Chevalier noir, dont la narration est assurée par l’inspecteur Gordon. Et pour cause : ce dernier nous informe dès la première minute que l’histoire qu’il s’apprête à nous faire vivre a conduit à la mort de Batman. Pourquoi ? Comment ? À cause de qui ? Tant de réponses que le joueur va pouvoir découvrir au fil du jeu. À l’instar des précédents opus, les premières heures de jeu se révèlent être véritablement captivantes à suivre, chose accentuée par cette bombe qui nous est révélée d’entrée de jeu. Néanmoins, très rapidement et pour la première fois au sein de la saga, le tout semble assez vite s’essouffler en dépit d’une écriture à l’allure pourtant intelligente.

En effet, tout en restant indéniablement efficace dans son ensemble grâce à une continuité exemplaire par rapport aux précédents opus dont les références sont nombreuses, à un doublage toujours aussi exceptionnel ou encore à des dialogues parfaitement écrits, l’histoire de ce Arkham Knight donne rapidement le sentiment de traîner en longueur en faisant ce qui ressemble à du remplissage, comme si les scénaristes n’avaient finalement que peu de choses concrètes à nous raconter. Si les rebondissements ne manquent pas, ils échouent bien souvent à marquer l’esprit du joueur en étant mal amenés, au même titre que les séquences « émotions » dont l’intensité laisse trop souvent à désirer.

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Plus encore, on déplorera surtout le travail réalisé sur le personnage de l’Épouvantail qui est la véritable déception de cet opus. Alors que les joueurs doivent sans le moindre doute se souvenir de ses quelques apparitions s’étant rapidement imposées comme des moments phares d’Arkham Asylum en 2009, il apparaît ici complètement sous-exploité alors même qu’il est censé être l’antagoniste principal du jeu. Il se retrouve ainsi relégué au second plan derrière le Chevalier d’Arkham, antagoniste inédit qui lui vole clairement la vedette tout en étant lui aussi sous-exploité malgré son histoire. Ce n’est malheureusement pas non plus la deuxième grande intrigue de cet opus, consacrée au Joker, qui sauvera les meubles puisque son potentiel se retrouve noyé au milieu de tout le reste qui entraîne un manque de clarté et d’approfondissement. Heureusement, malgré un ensemble plus brouillon que prévu, le titre a le mérite d’offrir une vraie conclusion plus que satisfaisante à la licence, à condition cependant d’aller au bout de l’ensemble des quêtes annexes pour pouvoir la débloquer.

 

Un univers aussi riche que complet

Car oui, un Batman Arkham n’en serait pas vraiment un sans les nombreuses quêtes annexes à réaliser tout au long de l’aventure en parcourant la map. La formule reste exactement la même que dans les précédents opus puisque ces missions secondaires, sans être excessivement nombreuses, sont l’occasion pour les développeurs de mettre en scène d’autres grandes figures de l’univers de Batman à travers de petites histoires scénarisées avec un soin particulier. On y retrouvera certains antagonistes déjà aperçus par le passé mais également de nouveaux, ainsi qu’un certain nombre d’acolytes de Batman qu’on aura par ailleurs l’occasion d’incarner si on le souhaite et qui disposent pour chacun de leur propre gameplay. Encore une fois, clin d’œil particulier à l’ensemble des énigmes de l’Homme-Mystère, seul personnage récurrent depuis le début, qui sont toujours aussi jouissives pour les amateurs d’énigmes bien corsées et intelligentes (même si parmi les 243 présentes, certaines étaient largement dispensables). Autant dire, donc, qu’Arkham Knight n’échappe pas à la règle et demeure tout comme ses aînés un exemple en matière de quêtes secondaires dont beaucoup d’open-world feraient mieux de s’inspirer…

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Malheureusement, force est de constater que pour la première fois en quatre jeux, il a de son côté fait l’erreur de s’inspirer d’une mode dont on se serait bien passé : les quêtes de remplissage. Pour cause, les quêtes scénarisées propres à la licence ont été complétées par un ensemble de quêtes très génériques visant à libérer les différentes zones de la map de la présence ennemie, ou du moins en partie. De ce fait, le joueur devra s’attacher à débusquer un ensemble de drones, de barrages routiers, de tours de guet ou encore de bombes à désamorcer afin de sécuriser les lieux. Des objectifs qui peuvent être sympa au début et qui peuvent être l’occasion de s’approprier le gameplay mais qui deviennent rapidement redondants et lassants, surtout quand le scénario fait en sorte de faire réapparaître des zones de contrôle ennemi là où on avait déjà fait le ménage.

En passant outre la petite erreur de parcours évoquée ci-dessus, il convient donc de souligner à quel point une fois encore Rocksteady s’est attaché à produire un jeu aussi fidèle et complet que possible pour rendre hommage à l’univers créé par DC Comics. Et autant le dire clairement, c’est une vraie réussite. En parallèle, les plus complétistes et les plus curieux des joueurs pourront d’ailleurs profiter des nombreux bonus que propose le jeu, qui se montre toujours ultra généreux à ce niveau là. Que ce soit en parcourant les fiches biographiques de chaque personnage rencontré ou évoqué, en lisant les extraits d’histoires débloqués en résolvant certaines énigmes de l’Homme-Mystère ou encore en écoutant les quelques documents audio présents, il est certain que le monde de Batman n’aura plus aucun secret pour personne après cela. Sans oublier que quelques bonus sont également accessibles depuis le menu, comme une galerie de concept arts ou encore différents skins pour Batman et sa Batmobile.

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Bat and furious

Du côté du gameplay, Arkham Knight se situe dans la lignée directe de ses prédécesseurs, dont il reprend l’ensemble des mécaniques à une ou deux nouveautés mineures près, et ce de manière toujours aussi fluide et efficace. Les aficionados comme les nouveaux venus trouveront ainsi rapidement leurs marques et parviendront sans difficulté à faire usage de l’ensemble des gadgets de Batman, que ce soit afin d’explorer et de parcourir Gotham ou afin de casser quelques os aux criminels qui seront sur leur chemin (et dans le cas contraire, les différents défis et entraînements en réalité augmentée sont là pour faire office de tutoriel… ingénieux, n’est-ce pas ?). À ce propos, inutile de préciser que les combats sont toujours aussi magistraux grâce à de –très– nombreux ennemis aussi déterminés qu’équipés et dont l’IA est toujours programmée pour ne laisser aucun répit au joueur qui se doit d’être agile et rapide. Enfin, du moins en combat frontal puisque cet opus ne déroge pas à la règle de l’IA légèrement aux fraises durant les phases d’infiltration, ni même aux désormais récurrents problèmes de caméra ou de lock d’ennemi.

Des combats magistraux, donc, qui ne sont que l’une des preuves que cet opus, malgré les faiblesses de son scénario, reste une véritable réussite en terme de mise en scène, à l’image de la licence entière. Que ce soit pour servir la narration ou pour renforcer l’impact de certaines phases de gameplay, Rocksteady montre qu’ils ne sont pas à court d’idées et prouve qu’il est encore possible de proposer des choses novatrices, originales et surprenantes, même dans un AAA, et même dans le quatrième opus d’une saga dont la réputation n’est pourtant plus à faire à ce sujet. À ce titre, les combats de boss retrouvent alors un nouveau souffle malgré le fait qu’ils ne resteront définitivement pas dans les annales.

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À cela s’ajoute également une nouveauté majeure et très demandée par les fans depuis Arkham City : l’utilisation de la Batmobile. Il est désormais possible de piloter l’énorme bolide à travers les rues de Gotham et autant dire que c’est un véritable plaisir, surtout que son utilisation est parfaitement bien intégrée au gameplay malgré une maniabilité parfois assez capricieuse lors de certaines phases. Malheureusement, en dépit d’un enthousiasme certain de la part du studio de vouloir faire plaisir aux joueurs en intégrant le véhicule dans le gameplay, il semblerait que les idées aient manquées au moment du développement, entraînant alors une surexploitation telle qu’on finit trop rapidement par en être lassé. Pour cause, les séquences nécessitant son utilisation se multiplient mais, par-dessus tout, se ressemblent…

 

Gotham by night

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Sur le plan technique, Arkham Knight se révèle être irréprochable grâce à un moteur graphique assurément maîtrisé. La ville de Gotham City, dont la taille est suffisamment grande pour donner le sentiment de voyager mais suffisamment petite pour éviter une certaine lassitude dans les allers-retours, est de toute beauté et brille grâce à la finesse de ses textures mais surtout grâce à la beauté de ses jeux de lumière, un atout indispensable dans un jeu se déroulant uniquement de nuit. Plus vivante que par le passé grâce à la présence de groupes d’ennemis aussi nombreux que variés (criminels, drones, véhicules, blindés, hélicoptères, etc.), elle présente un level design parfaitement adapté à l’utilisation de la Batmobile, dont il paraît important de souligner la qualité exceptionnelle des dégâts urbains, qui sont criants de réalisme. Il en va de même pour le faciès de l’ensemble du casting, finement modélisé et rempli de détails. Restent tout de même quelques bugs de textures ou encore des temps de chargement un peu longuets en cas de mort, ce qui peut rapidement énerver lorsque l’on meurt plusieurs fois d’affilées à cause de la difficulté un peu trop exagérée de certaines missions (du moins en mode difficile).

 

Tout en étant une belle réussite d’un point de vue vidéoludique, Batman Arkham Knight souffre malheureusement de la faiblesse de son scénario qui tend à rendre l’aventure légèrement décevante et indéniablement moins captivante que par le passé. S’il est donc probablement l’opus le moins intéressant de la trilogie de Rocksteady, voire même de la licence, Arkham Origins compris, il n’en reste pas moins une excellente conclusion aux aventures de Batman et une référence en matière de jeux vidéo de super-héros grâce à un gameplay toujours aussi efficace et maîtrisé. En espérant que cela redonne au genre une splendeur perdue il y a de nombreuses années maintenant, ce qui semble d’ores et déjà être le cas avec le Spider-Man d’Insomniac Games. Quoi qu’il en soit : merci, Rocksteady, pour tout cela !

2 commentaires sur « Batman Arkham Knight : l’ultime épisode est-il vraiment à la hauteur ? »

  1. Fiou, j’ai fait ce jeu il y a plus de deux ans et je craignais de l’avoir pas mal oublié, mais ton article m’a totalement remis dans le bain et m’a rappelé de bons souvenirs ! Il est donc réussi ! Personnellement, c’est le premier Batman que j’ai fait, mais il m’avait donné envie de faire les précédents opus, par la suite. Il est vrai que j’avais eu du mal à prendre le jeu en main et que l’histoire ne m’a pas marqué outre mesure. En revanche, il était fascinant de voler de toit en toit, dans Gotham. D’être hanté par le fantôme du joker. D’être parfois attaqué par Man-Bat. Ou encore de mener l’enquête sur les cadavres laissées par Professeur Pyg. Ce sont les détails et les quêtes annexes qui m’ont le plus marqué, je crois. Très bon test, en tout cas !

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    1. Merci à toi pour ce gentil commentaire une nouvelle fois. Je suis d’accord sur le fait que s’il ne marque pas par son histoire, il parvienne à marquer par ses détails et le soin dont il bénéficie. Les apparitions du Joker tout au long du jeu sont parfaitement intégrées et je me souviens encore du sursaut que j’ai eu en rencontrant Man-Bat pour la première fois alors que j’étais tranquillement en train de me balader sur les toits !

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