À son arrivée sur PS4 en 2019, Death Stranding n’a pas manqué de faire parler de lui. Il faut dire que par-delà l’aura dont dispose son créateur, Hideo Kojima, celui-ci s’est rapidement imposé comme une œuvre d’art unique en son genre. Louée par certains, détestée par d’autres, l’aventure de Sam Porter n’a assurément laissé personne indifférent. Et après avoir bénéficié d’une sortie sur PC à l’été 2020, le jeu développé par Kojima Productions fait une nouvelle fois son grand retour sur PS5 avec une version dite « Director’s Cut ». Un terme alambiqué qui vise en réalité à désigner une mouture next-gen pensée pour être l’édition ultime de Death Stranding… mais ultime pour qui ?
Test réalisé sur PS5 grâce à un code fourni par l’éditeur
Préambule
Veuillez noter que ce test se concentrera uniquement sur les nouveautés apportées par cette nouvelle version de Death Stranding. Si vous souhaitez en savoir plus sur tout ce qui touche à l’histoire du jeu, à son univers, à ses mécaniques de gameplay et plus encore, je vous invite à vous rendre sur le test de la version PS4.
Version premium
C’est indéniable, l’œuvre imaginée par Hideo Kojima en avait déjà beaucoup dans le ventre à sa sortie sur PS4. Entre sa mise en scène d’une Amérique désolée fortement inspirée des paysages islandais et sa modélisation des personnages d’un réalisme rare, le jeu avait déjà largement de quoi nous surprendre. On n’en attendait donc pas moins sur PS5, où le titre se voit véritablement boosté par les capacités techniques de la nouvelle machine de Sony. Death Stranding: Director’s Cut nous apparaît ainsi comme un jeu restant fabuleusement beau, tout en ayant largement gagné en finesse et en fluidité grâce à l’apparition de la 4K et des 60 fps, en profondeur dans sa distance d’affichage mais aussi en rapidité grâce à son exploitation du SSD. Que ce soit au lancement du jeu ou en pleine partie, les temps de chargement ne sont désormais que de l’ordre de quelques secondes, ce qui permet de se mettre plus rapidement que jamais en selle en compagnie de ce bon vieux Sam.
« Je n’aime pas l’appeler Director’s Cut »
Et justement, qu’est-ce que cette version PS5 a-t-elle de neuf à proposer aux joueurs ? Si vous n’aviez jamais fait Death Stranding avant cela : une aventure aussi unique que mémorable, avec a minima une soixantaine d’heures de jeu stupéfiantes qui vous attendent. Si vous l’aviez fait sur PS4 ou sur PC : quelques petites broutilles par-ci par-là… mais surtout pas grand-chose, dans le fond. Car autant le dire tout de suite, contrairement à un Ghost of Tsushima: Director’s Cut qui nous a gratifié de tout un arc narratif supplémentaire lors de son arrivée sur PS5, le titre de Kojima Productions se contente quant à lui du strict minimum, avec des ajouts dont l’intérêt est plus que limité. Entendons-nous bien, cela ne veut pas dire qu’ils sont mauvais. Néanmoins, pas sûr qu’ils ne suffisent à justifier le besoin de se replonger, le temps d’une très petite poignée d’heures, dans cet univers qui nécessite une implication et un investissement des plus particuliers.
Cela va sans dire mais si vous n’avez pas touché au jeu depuis longtemps, il vous faudra certainement un petit temps d’adaptation avant de réussir à vous remettre dans le bain. Et avant cela, vous devrez passer par la case « transfert de sauvegarde ». Un point quelque peu fastidieux puisqu’il vous faudra vous rendre à un terminal depuis la version PS4 du jeu pour pouvoir lancer le processus. Cela dit, on aurait pu s’y attendre de la part de quelqu’un comme Kojima, qui aime faire les choses à sa manière. Une fois cela fait, vous pourrez ainsi reprendre votre partie là où vous l’avez laissée. Et c’est là qu’apparaît le principal problème de cette Director’s Cut : trouver les nouvelles missions scénarisées est un véritable enfer, puisque vous n’aurez aucune indication concrète sur l’endroit où les chercher. Un aspect qui appuie lourdement l’idée que dans le fond, cette version PS5 s’adresse moins aux anciens joueurs qu’à un nouveau public.
Et malheureusement, la nature même de ces nouvelles missions (qui se trouvent dans la région orientale de la map, soit dit en passant) ne fait que le confirmer. Pour cause, si vous vous attendiez à découvrir un nouvel arc narratif, même de petite envergure, alors vous serez sans doute déçus d’apprendre qu’il ne s’agit en réalité que de trois courtes missions au schéma répété qui se bouclent en moins d’une heure. C’est d’autant plus regrettable que celles-ci se terminent sur la mise en lumière d’un élément narratif qu’il aurait pu être intéressant d’étoffer, mais qui se limitera à quelques documents écrits à débloquer en réalisant certaines activités. Carton rouge sur ce point donc, et on comprend tout de suite mieux pourquoi cette partie de la Director’s Cut – nom que rejette Hideo Kojima lui-même, à juste titre – n’a pas été davantage mise en avant durant la campagne promotionnelle de ces dernières semaines.
Des petits ajouts en pagaille
Passons maintenant aux autres nouveautés de cette mouture PS5. Tout d’abord, vous pourrez y retrouver les missions crossovers avec Cyberpunk 2077 et Half-Life, qui étaient jusqu’alors exclusives à la version PC. Celles-ci vous permettront de débloquer quelques équipements inédits, auxquels viendront s’ajouter ceux étant cette fois-ci exclusifs à la Director’s Cut. Vous pourrez ainsi, entre autres, profiter d’une catapulte à marchandises, d’un mécabot ou encore d’un squelette de soutien pour effectuer vos livraisons, des outils qui s’insèrent bien mieux dans l’univers du jeu que ne pouvaient le laisser penser les bandes-annonces (même si cela le rend indéniablement plus facile). Une nouvelle arme redoutable et non létale, le Canon Maser, vient également renforcer l’arsenal de Sam. D’ailleurs, si le cœur vous en dit, vous pouvez tester la bête dans le nouveau stand de tir, auquel vous pouvez accéder depuis n’importe quel terminal.

En plus d’être un bon moyen pour prendre en main les différents équipements disponibles, et ce dans toutes les conditions possibles (MULEs, échoués, terroristes), cela permet de profiter sans conséquences du système de combat qui, il faut l’avouer, reste purement jouissif. Alors certes, cela remet fortement en question le message du jeu concernant la violence, mais il est difficile de bouder ce petit plaisir. À noter que vous pouvez aussi rejouer les séquences avec Cliff et les combats principaux du jeu en sélectionnant les figurines appropriées dans la chambre privée. En plus du stand de tir, Death Stranding: Director’s Cut introduit également la possibilité de faire des courses de voitures sur un circuit dédié, qu’il faut préalablement construire soi-même. Néanmoins, cette nouveauté s’avère beaucoup moins pertinente, la faute à un gameplay n’étant clairement pas adapté pour cela et à un côté à la fois arcade et compétitif dénotant beaucoup trop de l’esprit du jeu.
À ce sujet, on appréciera d’ailleurs l’intégration de nouveaux morceaux venant compléter l’excellente bande-son déjà existante pour ce titre. Dommage que leur utilisation au sein des missions soit quelque peu forcée, ce qui enlève la magie de ces interludes musicaux qui faisaient pourtant le charme de l’aventure originale. Enfin, quelques mots concernant l’utilisation de la manette DualSense qui, sans pour autant nous surprendre autant que nous l’aurions espéré, parvient tout de même à renforcer l’immersion. Entre les retours haptiques qui provoquent des vibrations selon les actions de Sam, la résistance des gâchettes au transport des marchandises et au maintien de l’équilibre du héros ou encore les quelques sons qui sortent du haut-parleur, cette version PS5 permet bel et bien de passer un nouveau cap pour nous offrir une expérience toujours plus saisissante.
Verdict
Vous l’aurez compris en lisant ce test, Death Stranding: Director’s Cut s’avère finalement être un cas un peu particulier. Ce dernier s’inscrit visiblement dans une nouvelle stratégie de Sony, dont l’objectif serait d’unifier les versions next-gen de ses jeux PS4 sous une appellation « Director’s Cut » pour le moins alambiquée, en particulier dans le cas présent. Car si vous avez déjà fait le jeu par le passé, alors cette mouture PS5 n’aura malheureusement rien de bien intéressant à vous proposer, à moins bien sûr que vous ne souhaitiez replonger dans cet univers pour le plaisir. En revanche, si vous ne l’avez jamais fait, alors vous êtes la cible principale de cette édition ultime du chef d’œuvre signé Hideo Kojima, et vous pouvez y aller les yeux fermés.