Si vous avez aimé Limbo et Inside, alors vous êtes probablement de ceux qui attendaient avec impatience de pouvoir découvrir Somerville, le premier jeu du studio indépendant Jumpship. Révélé à l’E3 2021 lors de la conférence de Microsoft, cette nouvelle production signée Dino Patti, ancien co-fondateur de Playdead, s’inscrit en effet dans le même esprit que les deux jeux précédemment cités, mais avec une approche que le créateur nous promet comme étant assez différente. Cela ne met d’ailleurs pas bien longtemps à se vérifier manette en mains, puisque c’est le cas de le dire : ce nouveau titre nous plonge au cœur d’une expérience des plus singulières.

Test réalisé sur PC grâce à un code fourni par l’éditeur

Une aventure profondément cryptique

L’histoire de Somerville s’ouvre sur un tableau émouvant. Tard le soir, une famille constituée du père, de la mère, du fils et du chien dort profondément sur le canapé, éclairée par la simple lueur du poste de télévision encore en marche. Le temps de quelques minutes, nous incarnons tour à tour l’adorable bambin puis le papa, qui vaquent à leurs occupations tout ce qu’il y a de plus traditionnelles. Mais rapidement, la situation dégénère. Lorsque de mystérieuses lueurs violettes viennent transpercer le ciel avant de s’écraser au sol dans un vacarme terrifiant, la famille n’a d’autre choix que de se réfugier dans le sous-sol de la maison. C’est alors qu’un étrange événement se produit. Le père s’évanouit. À son réveil, femme et enfant ont disparu. La maison est en ruines, désormais envahie par une substance inconnue… sur lequel il a toutefois un certain pouvoir.

C’est ici que commence alors véritablement l’aventure. Une aventure mystérieuse, étrange et déroutante, au cœur d’un univers de science-fiction qui tranche profondément avec ce que pouvaient proposer Limbo et Inside auparavant. En revanche, s’il y a bien une chose qui n’a pas changé, c’est que le titre de Jumpship n’est absolument pas du genre verbal. Durant les quatre heures nécessaires à sa complétion, pas un seul mot ne sera prononcé par qui que ce soit. C’est donc à vous et uniquement à vous qu’il incombe d’interpréter le récit du jeu, qui ne se raconte qu’au travers des événements que vous vivez. Et autant vous prévenir tout de suite : il y a de fortes chances que vous arriviez au bout de l’aventure sans avoir la moindre idée de ce que vous venez de vivre, car l’ensemble est extrêmement cryptique. Sans doute même un peu trop, pour le coup…

Plus walking simulator que puzzle platformer

Mais passé la frustration d’avoir constamment l’impression d’errer sans trop savoir pourquoi, il faut tout de même avouer que tout en proposant une expérience très minimaliste, Somerville n’est pas forcément désagréable à jouer. Le cœur du gameplay consiste en effet à progresser dans ce monde désolé et dangereux en résolvant quelques énigmes pas bien difficiles, en échappant à la vigilance de rares ennemis et enfin en se livrant parfois à des courses poursuites plutôt bien fichues. Pour ce faire, le héros peut alors user de son pouvoir, qui lui permet de dissoudre ou de solidifier l’étrange substance alien présente un peu partout grâce à la lumière. Bref, rien de bien inédit pour ceux qui sont déjà familiers avec le genre, ce qui n’empêche pas de passer un bon moment malgré le manque cruel d’approfondissement de certaines idées.

Car malheureusement, là où les jeux de Playdead avaient tendance à multiplier les énigmes en ajoutant régulièrement de nouvelles mécaniques, Somerville a quant à lui plutôt tendance à se reposer sur les mêmes boucles de gameplay, ce qui induit inévitablement un léger sentiment de redondance voire d’ennui. Couplé à la narration difficile d’accès et à une profonde lenteur dans les déplacements du personnage, cela risque ainsi sans aucun doute de faire décrocher plus d’un joueur. Cela étant dit, on ne pourra pas retirer au titre de Jumpship sa science du level design, qui est toujours conçu de manière à ce que l’on comprenne quoi faire et où aller en un clin d’œil, sans avoir à recourir à la moindre ligne de texte. Et à une époque où les studios ont constamment tendance à nous prendre par la main en multipliant les indices visuels et/ou sonores grossiers, cela fait beaucoup de bien.

Un tableau perpétuel

En revanche, s’il y a bien un point sur lequel le jeu ne déçoit absolument pas, c’est sur la qualité de sa direction artistique. Le monde de Somerville bénéficie d’une superbe esthétique, régulièrement mise en valeur par tout un tas d’environnements divers et variés : plaines rurales, sombres souterrains, grottes aquatiques, zones plus urbaines, le voyage est incontestablement au rendez-vous. Le côté science-fiction du récit est d’ailleurs parfaitement illustré dans la construction de certains décors, notamment vers la fin du jeu où les pouvoirs du héros peuvent avoir un lourd impact sur ces derniers. De quoi proposer des scènes visuellement impressionnantes, même si quelques ralentissements sont parfois de la partie. Et bien sûr, on peut également compter sur la présence d’une bande-son discrète mais léchée pour parfaire un peu plus encore ce tableau déjà bourré de charme.

Conclusion

Pas de doute, Somerville est un jeu très déroutant. Bien que classique dans son gameplay, le premier titre de Jumpship nous offre malgré tout un réel sentiment de voyage et d’aventure, qui tire notamment sa force de sa superbe esthétique de science-fiction. Néanmoins, en optant pour une narration démesurément cryptique, le studio tend à rendre son récit inintelligible pour une partie des joueurs, qui auront ainsi bien du mal à trouver l’envie de progresser dans une expérience qui ne semble pas réellement vouloir s’ouvrir à eux. Cela en fait-il un mauvais jeu pour autant ? Probablement pas. Mais il est évident que cela ne conviendra pas à tout le monde. Cela dit, si vous disposez d’un abonnement au Game Pass, rien ne vous empêche de vous jeter à l’eau afin de vous faire votre propre avis. On ne sait jamais.

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