Non, vous ne rêvez pas. Pour la première fois sur le blog, ce n’est ni d’un AAA, ni d’un AA dont on va parler mais d’un jeu indépendant. What Remains of Edith Finch est un jeu développé par Giant Sparrow et édité par Annapurna Interactive. Sorti le 25 avril 2017 sur PC et Playstation 4 et le 19 juillet 2017 sur Xbox One, il fait partie des jeux offerts ce mois-ci pour les abonnés Playstation Plus. Ce fut donc l’occasion idéale pour le découvrir, alors qu’il est largement précédé par sa réputation. L’aventure en vaut-elle la peine, comme tout le monde semble s’accorder à le dire ? Réponse tout de suite.

 

Malédiction familiale

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What Remains of Edith Finch nous place, comme son nom l’indique, aux commandes d’Edith Finch. Dernière personne encore en vie de la longue lignée des Finch, elle décide de retourner dans la maison de son enfance, qu’elle avait brusquement quittée avec sa mère sans en comprendre la raison. Cette dernière lui ayant légué une mystérieuse clé à sa mort, elle espère ainsi y trouver les réponses dont elle a besoin en faisant la lumière sur cette terrible malédiction qui emporte l’un après l’autre les membres de la famille, tous ayant connu une fin tragique.

 

Narration originale

Durant deux à trois heures grand maximum (trophées compris), le joueur est invité à parcourir toute la maison afin de découvrir l’une après l’autre l’histoire de chacun des membres de la famille. Pour ce faire, le jeu alterne entre différentes phases, toutes reliées les unes aux autres d’une manière qui se veut fluide et naturelle grâce à un level design parfaitement maîtrisé. Aux commandes d’Edith, on progresse dans cette immense demeure à la manière d’un jeu de piste tandis que les nombreux commentaires de la protagoniste nous permettent d’en apprendre davantage sur son état d’esprit et sur l’histoire de la famille. Du moins pour ce qu’elle en sait. Pour le reste, on le découvre en même temps qu’elle au fur et à mesure que l’on accède aux différents mémoriaux constitués dans toute la maison, sur lesquels sont disposés des journaux, des lettres ou des objets révélant l’histoire du défunt.

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L’ensemble des histoires à découvrir

Mais plus qu’un simple walking simulator, What Remains of Edith Finch surprend par la manière dont il parvient à mettre en scène chacune de ces tragédies. Il s’agit en fait de séquences flashbacks durant lesquelles on dispose, pour la grande majorité, d’un contrôle total et que l’on vit directement. De plus, toutes sont mises en scène de manière différente en fonction de la personnalité du personnage concerné et des événements qu’il a vécus. Cela va d’une mise en scène plutôt classique (mais pour le moins intense) à une mise en scène où l’on incarne un personnage de BD pour la star de la famille, des animaux ou des objets pour l’histoire d’un enfant ou encore une véritable épopée narrative pour les membres les plus créatifs de la famille. En d’autres termes, chaque séquence est une histoire dans l’histoire, offrant au jeu une mise en abyme des plus percutantes qui pousse l’immersion et l’implication émotionnelle à son paroxysme.

 

Immersion optimale

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C’est d’ailleurs ce qui fait la force et l’intensité de l’aventure de Giant Sparrow malgré sa courte durée. Dénuée de la moindre fioriture, l’histoire de la famille Finch se déroule sur un rythme continu et sans temps mort, mais suffisamment lent pour qu’on puisse la vivre et s’en imprégner. Et ce dès le début du jeu : pas de menu, pas de tutoriel nous expliquant comment contrôler le personnage, rien. Le joueur est livré à lui-même du début à la fin. Bien entendu, le gameplay reste suffisamment sommaire pour qu’on puisse se passer d’un tutoriel : se déplacer avec les joysticks et interagir avec différents objets en pressant une touche seront les seules actions à mener tout au long du jeu. Plus fort encore : What Remains of Edith Finch nous prouve que cela suffit amplement à proposer un gameplay ingénieux et original.

 

Direction artistique idéale

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Dans cette histoire, le cerf-volant représente le lien entre gameplay et narration

Et pour agrémenter tout cela, rien de mieux qu’une direction artistique plutôt classique mais très efficace. Misant sur une certaine sobriété, le jeu propose son lot de jolis environnements et de séquences particulières laissant transparaître la poésie des histoires contées, le tout étant alors sublimé par une bande sonore de toute beauté. Là encore, il est évident que tout a été pensé au mieux pour que l’immersion soit aussi intense que possible, jusqu’au choix d’en faire un jeu à la première personne dont les sous-titres – car il n’existe pas de VF – sont intelligemment intégrés à l’environnement.

 

Inutile de s’étendre plus longuement pour dire à quel point What Remains of Edith Finch est une aventure incroyable. Intelligente, originale, intense, émouvante, percutante même, les adjectifs pour la qualifier sont nombreux. Il semble désormais plus qu’évident qu’il s’agit d’un jeu à découvrir absolument pour les amateurs de jeux narratifs, voire tout simplement pour ceux à la recherche d’une courte aventure de qualité. Si le prix de 20€ peut être un frein à un tel investissement, surtout avec un taux de rejouabilité aussi nul, il n’existe aucune raison pour ne pas craquer en cas de promotion ou, comme c’est le cas pour les abonnés Playstation Plus en ce mois de mai, en cas de gratuité !

6 commentaires sur « What Remains of Edith Finch : l’intense mise en abyme narrative »

  1. C’est marrant, car je te rejoins dans tous tes éloges du jeu, pourtant il m’a un peu « déçu ». Déçu sûrement car on me l’a vendu comme une expérience exceptionnelle et, s’il offre des moments incroyables (le personnage dans la BD, la balançoire, le monstre rampant…) What Remains of Edith Finch souffre quand même d’un rythme hasardeux et de moments où j’ai été moins facilement transporté. Mais c’est excusable, car il tente tellement de choses différentes que tout ne peut pas séduire.
    Dans le même genre je lui ai largement préféré Gone Home par exemple.

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    1. Étonnant, parce qu’au contraire j’ai trouvé le rythme vraiment réussi. J’ai été surpris par la manière dont tout s’enchaîne et tout s’emboîte sans jamais nous donner l’impression qu’il y en a trop ou pas assez. Après, j’imagine que le fait que t’aies déjà eu plusieurs expériences du genre doit jouer. C’était ma première, donc réellement inédit pour ma part.
      En ce qui concerne les grands moments, j’en retiens surtout celui de la balançoire (c’est même ma préférée je crois), de la BD, du bébé dans son bain et de la séance photo. Ce sont des univers uniques dans lesquels j’ai été happé dès les premières secondes, j’ai trouvé ça fou.

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  2. Comme toi, je n’ai pas beaucoup l’habitude des jeux indépendants, bien que certains m’aient très agréablement surprise. Je me réjouis donc que Edith Finch soit une aventure qui vaut le détour. Ton test, et d’autres échos, m’ont convaincu de le tester.

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  3. Je suis contente de voir que le jeu t’ait autant plu (on avait déjà rapidement parlé sur Twitter). What remains of Edith Finch s’offre effectivement le luxe de plusieurs types de gameplay dans un seul jeu, tout en mêlant une narration très liée à son graphisme et aux décors. Ça en fait une aventure très originale et assez unique. Et très poétique par moments. Sans compter que personnellement, une maison avec autant de passages secrets, ça me fascine et me fait dire que j’en veux une comme ça aussi ! Il y a une telle personnalité dans chacune des chambres visitées !
    La seule chose que je n’ai pas trop apprécié, c’est la fin. J’ai trop vu ce type de fin, cette thématique particulière, utilisée dans des livres ou films, et du coup elle me laisse assez froide, en plus d’un petit côté cliché.

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    1. J’ai adoré aussi la construction de la maison, un vrai jeu de piste. Le genre de maison dont on rêve tous, encore plus quand on est gamin haha !
      Pour la fin, je ne m’y attendais pas et j’ai été plutôt ému. Mais j’imagine bien en effet que c’est loin d’être la première fois qu’un tel ressort scénaristique est utilisé.

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